Moussa, un réparateur radio hors du commun



Bukavu ne cessera jamais de nous étonner ! Ce samedi matin je ne travaille pas. De bonne heure, je me lève et me rend chez Eli, un ami de Goma arrivé à Bukavu la veille. Puisqu’il menaçait de pleuvoir, je prends un chemin raccourci non loin de «Chez Mama Kindja», un restaurant  bien prisé de Bukavu. Sur la ruelle, j’aperçois un homme en train de sortir d’un sac un lot important de matériels électroniques qu’il installe à même le sol.  

Gagné par la curiosité, je m’arrête et l’observe furtivement. J’attends voir ce qu’il va faire de ces morceaux de fer, carcasses de vieux post-récepteurs, tournevis,...
Il s’installe calmement sur une pierre, prend un post radio, il l’ouvre et se met à l’examiner. Le « mbabula » à sa droite lui sert de chauffe-soudure. Je m’approche de lui. « Karibu kaka, as-tu un appareil à faire réparer?», me demande-t-il en swahili. Je lui réplique par la négation. Et il continue paisiblement son travail.

J’avais cru avoir à faire à un aliéné, à un fou. Eh bien non ! Moussa, comme il se nomme, est un électronicien, un réparateur radio ''professionnel'' de Bukavu.


Le calvaire d'un voyage nocturne

Il est 18 heures au port Bisengimana à Bukavu. C’est ici qu’on embarque pour traverser le lac et se rendre à Goma. Le dernier passager embarque dans le bateau. Chaque voyageur se cherche un siège confortable. Le voyage s’annonce long certes mais garanti, surtout dans ce salon dit 1ère classe où j’ai eu le privilège de me retrouver.
Je suis encore bien à l’aise sur le grand canapé du salon. Ma valise est posée à coté de moi. Elle est plus en sécurité ici.
Après trois heures de voyage, le sommeil me tente. Comme tous les autres passagers, je m’allonge sur mon canapé, sans couverture ni pyjama. Le temps passe mais le sommeil ne vient toujours pas : bruit du moteur, lumière, musique, un concert infernal proposé par le service du bateau.
« Je n’arrive pas à me coucher, je vais voir le lac », me lance un passager à mes côtés. Insomniaque, je le suis mais je me donne le droit de faire un tour en 2ème classe pour parler à un ami. Là, je trouve des femmes ni nues ni habillées, allongées à même le sol, des enfants qui pleurent ça et là. Certains avaient même vomi sur d’autres qui dormaient déjà. La scène n’a rien d’insolite pour ces femmes commerçantes. Elles sont habituées à cette voie lacustre pour transporter leurs marchandises. C’est moins cher et, facilement, elles peuvent déplacer une grande quantité de leurs produits.
Jusqu’à 5 heures du matin, je n’ai pas réussi à fermer l’œil après avoir surpris un de ces innombrables cafards du bateau dans ma chemise. D’autres circulaient dans tous les sens sous les sièges.
Un agent de l’embarcation me confiera à l’arrivée que « le propriétaire [du bateau] en tire profit sans rien améliorer», faisant surtout allusion aux toilettes malsaines et aux petits déjeuners mal servis.
Ce voyage nocturne aura été l’un des pires auxquels j’ai assisté, non sans amertume pour ces femmes qui se sacrifient pour le bien-être de leurs familles.